30 juil. 2018

Pour lire la deuxième préface de la Critique de Kant (CRP)

À noter que Kant a vécu de 1724 à 1804, c'est un philosophe allemand notamment connu comme un franc partisan des lumières et ces différentes critiques. C'est même en ce sens que le présent travail est dirigé. Nous aurons à essayer de synthétiser sa pensée dans la préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure. Dès lors, il faudrait se demander quel fut le projet de Kant. Dès la première préface son but a été de chercher la limite de notre raison dans son pouvoir-connaître. Que peut-on connaître ? La raison peut-elle prétendre à un savoir suprasensible? Si oui, comment accéder à une connaissance purement a priori? Ainsi donc, le problème a toujours été une question de mésentente des systèmes comme le dogmatisme et le scepticisme qui font de ce point un arène où personne n'a jamais raison. Sa deuxième préface, loin d'être une correction négative (un changement), est une explication approfondie. Delà, de qu'a-t-il mis comme contenu dans cette préface ?

Il débute exposant sont projet de critiquer la raison afin de connaître son potentiel, comment on peut l'user en prenant en compte ce qu'il faut savoir. Effacer les erreurs de la raison. Mais la raison spéculative, réfléchissant toujours sur des notions qui semblent le jeter dans des vagues de jais,est en contradiction dès qu'elle quitte le monde de l'expérience. Par sa prétention de tout connaître a priori elle s'est mis  dans le couloir de suspicion sur sa  faculté de connaître. Kant essaie donc de trouver une voie sûre où la raison s'épanouirait avec la certitude qu'exige une connaissance scientifique. Pour cela, hors des prétentions de la raison, il y a le monde de l'expérience. Et ceci, toutes les branches qui ont pu y accéder ont tiré leur objet de celui-ci. D'où le questionnement renvoyant au quel exemple doit suivre la critique pour rediriger la raison spéculative.

Comme déjà mentionné précédemment, l'entreprise kantienne de la réhabilitation de la dignité de la raison touche ici son point de gloire car, après tout, comment se persuader sur le bien fondé d'un ouvrage ? Pour mieux comprendre cette question il nous faut d'abord comprendre que la philosophie c'est l'affaire de chaque jour et de tout. Par la suite nous comprendrons mieux toutes les charges que posent une telle question. Dans cette préface, la seconde édition, Kant nous présente la métaphysique tel que dans la première (une arène). Delà nous pourrons constater le tout de ce qu'on pourrait concevoir dans un tel attribut. De plus, ce n'est pas l'arène qu'on connait dans ces histoires grecques et romaines mais celle dans laquelle la victoire n'est jamais acquise, et si elle l'est par un hasard, ce ne sera que pour un moment bien maigre. Or l'Homme tend toujours vers des interrogations qui sortent du sensible, qui ne dépendent pas directement de l'expérience : les questions sur l'âme ou Dieu. Ce qui semble nous dépasser, faisant partie du temps et de l'espace. Cependant pourquoi cette incapacité ? La métaphysique est-elle donc condamnée à errer sous les failles de tous les systèmes qui y prétendent ? Si non, comment doit-on s'y prendre pour espérer quelque chose de sûr dans cette voie, la métaphysique ?

À cette interrogation Kant propose dans un premier temps trois exemples de discipline qui ont pu accéder au cours des ans la dénomination scientifique. D'un côté, la logique. La première à y avoir accès. Elle s'occupe des règles inconditionnelles pour toutes pensées: structure, forme et rationalité. C'est ce qui fait que toutes les disciplines qui veulent prétendre à cette dénomination doivent passer en revue sa structure et son fond dans les moules de la logique. Pour Kant, c'est le vestibule, la porte d'entrée dans l'univers de la science qui renvoie au conditionnel de temps et d'espace  ; d'un autre côté, la mathématique (spéciale parce qu'elle est d'abord abstraction) et la physique. Ces deux là sont spéciales pour deux raisons:

Premièrement parce qu'elles ne sont pas devenues science du jour au lendemain mais ce fut comme l'état de la métaphysique : le tâtonnement. Et si elles ont, elles-aussi, été dans cette situation de tâton, la métaphysique ne devrait-elle pas espérer tout autant ? Mais d'abord comment y sont-elles arrivées ? À cela Kant pointe la révolution copernicienne. Croyant d'abord que c'était le soleil qui tournait autour de la terre (observatrice), l'Homme était dans l'erreur parce que c'était plutôt le contraire. Aussi, une révolution s'imposerait dans la métaphysique. Il faudrait cesser de laisser la raison servir les choses pour s'instruire afin de faire de la raison un interrogatoire qui se sert de la raison pour s'instuire. Il doit lui-même tourner autour des choses pour prétendre à leur connaissance. Ainsi la raison observe et expérimente. La chose telle qu'elle est hors de nous même, chose en soi, est en ce sens inaccessible. Mais la chose comme phénomène, accaparée par la raison, l'est. Les phénomènes prennent donc forme par l'autorité de la raison, non comme élève mais juge.

D'un autre côté, parce qu'elles ne s'occupent pas que d'elles-mêmes. Alors la raison doit cesser de prétendre à cet enfermement cartésien à tout savoir a priori, hors de l'expérience. C'est donc l'irruption du sujet conscient du monde hors de lui, des autres.  Ce dépassement fait comprendre que la raison étant d'abord elle-même, doit se tourner vers les choses pour espérer connaître. Les pré-acquis qui permettent l'expérience sont l'espace et le temps : deux connaissances a priori. D'ailleurs qui a jamais vu quelque chose sans avoir jamais osé regarder ? La logique ne s'occupe que d'elle-même. Ce pourquoi on se sert d'elle comme vestibule mais la raison a affaire tout autant aux choses. En plus ce n'est pas en s'enfermant sur elles-mêmes que la physique est devenue science mais en apprenant à avoir un objet de connaissance. Pour connaître, la raison peut déterminer et réaliser. Elle le fait donc à deux niveaux : pur et sensible / théorie et pratique. Dans un premier moment la sensibilité, la perceptibilité permet de s'accaparer de la chose hors de moi. L'intuition de cette chose, cette image, est à son tour envoyée à l'entendement qui la catégorise d'une manière, ou d'une autre afin de se transformer en concept propre par la raison. Ainsi est possible la connaissance. La raison doit se limiter au sensible, se jeter dans l'expérience pour confirmer sa dignité. Ma pensée est valide tout autant qu'elle fait adéquation avec le monde tel quel. Mais la chose conceptualisée dans la raison devient pure et sa réalisation dans le monde ne peut être complète mais doit servir de référence car le concept se référe à l'inconditionnel, l'englobant. Ainsi la limitation de la raison dans l'expérience assure ses connaissances vers la science. Les questions relatives au supra ne peuvent donc être connues mais pensées : on peut penser Dieu, non le connaître. On ne peut l'observer ni l'expérimenter.

Cela nous mène à castrer le speculum de la raison :  une limite de la raison spéculative au monde de l'expérience. On ne peut connaître que ce qui est dans le sensible mais cette limite, dégradante du point de vue de la liberté de raison,  est nécessaire pour sa montée sur le terrain de la science. Autrement on ne peut que croire et penser. Comme les idées de Dieu et de liberté. Une certitude à leurs endroits est impossible étant hors de l'expérience et pensée pure. La limite de la raison à un objet propre prenant en compte le monde extérieur est donc une voie propice pour la raison spéculative sur le terrain de l'objectivité.

Réfléchissant sur les possibilités et les limites du savoir par l'homme, cette préface aurait dont été un ajustement en vue de clarté. La raison poir connaître doit se borner à l'expérience. Ainsi est possible la science dans le cadre spatio-temporel prédisposé par la raison. Par cette entreprise d'épuration, on ne pourra plus se battre autant autour des idées car la science a un caractère dogmatique. Ce qui n'est pas le dogmatisme, défaut qui a failli ruiné, négligeant une critique, la raison comme faculté de connaître.

Concernant cette critique, loin d'être un traité de science, c'est plutôt un guide méthodologique qui permet à la raison spéculative de prétendre à la science en le limitant au monde de l'expérience par la détermination du temps et de l'espace comme fondement d'existence. Son rôle est de faire naître la paix sur le terrain de la métaphysique jusqu'alors empreint de dogmatisme qui fait son chaos pour plutôt s'attacher à une connaissance constante et dogmatique comme toute science.